Je vous ai quitté il n'y a
seulement que 4h. Après avoir difficilement dormi, somnolé dira-t-on, sur les
banquettes de la voiture-bar, nous nous faisons réveiller à 5h du matin par la
serveuse du wagon qui ouvre le restaurant. Cette vieille mégère finlandaise, ne
parlant pas un mot d’anglais, nous déloge sans crier gare ! Alors même que
la voiture-bar est vide, qu’il est 5h du matin et qu’il lui faudra 30 min pour
installer son bordel. De nouveau vagabond, nous trouvons un carré de 4 vide, décidant
de prendre chacun 2 sièges pour s’y allonger. Il m’est impossible de trouver
une position, qui à défaut d’être confortable, soit propice au sommeil. Me
rappelant aux bons souvenirs de mon road-trip en Interrail à travers l’Europe,
où avec mes amis nous dormions par terre dans les allées et les compartiments
des trains, je décide de m’allonger par terre, la tête et les jambes sous les
sièges du carré de 4. Après 20 min, je suis malheureusement rattrapé par ma
claustrophobie et je dois me retirer. J’erre dans le train avant de me réfugier
dans un compartiment où 3 sièges libres m’offrent la possibilité de m’allonger.
Alors que je commence à m’endormir, je me fais virer par des finlandais tout
juste montés dans le train. Il est désormais 6h du matin et avant d’abandonner
ma quête de sommeil je tente un dernier baroud d’honneur en reprenant mes
quartiers sur les banquettes du wagon-bar, la serveuse, derrière son comptoir
ne pouvant m’apercevoir. Mon stratagème assez limité est vite déjoué lorsque
cette dernière vient servir quelqu’un dans le wagon. Je suis une nouvelle fois
réveillé et je réalise alors que j’ai perdu. Ma défaite est telle que je dois
même m’incliner et me rabaisser en demandant un café et une pâtisserie à la
cannelle à la serveuse, précédemment insultée, intérieurement (ou à voix très
basse…).
Petit déjeuner |
Nous arrivons à 10h52 à la gare
de Rovaniemi, capitale de la Laponie. Nous récupérons sans problème la voiture
que nous avions louée sur internet. C’est même avec surprise que nous apprenons
que nous avons été surclassés, une Citroën C3 au lieu d’une C1. Une fois la
voiture récupérée nous décidons de manger à Rovaniemi avant de prendre la
direction du village du Père Noël, à la frontière du cercle polaire arctique.
Rovaniemi a été complètement détruite pendant la Seconde Guerre Mondiale et
donc reconstruite dans les années 50 avec précipitation et manque de gout. Je
ne pensais pas qu’il était possible de faire plus moche et plus gris que Le
Havre mais j’avais tort, Rovaniemi est bien pire. La ville peut être décrite
par les 3 M, mort, moche et morne. Il n’y a rien à y voir et nous prenons
rapidement la décision d’aller manger. Après avoir essuyés plusieurs échecs
(plusieurs restaurants fermés), nous trouvons refuge au Café Bar 21 au 21 rue
Rovakatu. Le bar sert des gaufres salées ainsi que des salades accompagnées de
3 patates chaudes recouvertes de viande en sauce. Nous prenons tous les deux la
seconde option, optant pour du renne. La sauce couvre le gout du renne mais le
plat reste délicieux pour la modique somme de 11€. Une fois repus, nous partons
en direction du « Santa Claus Village » à 8km de Rovaniemi.
Le Santa Claus Village est une
véritable déception. Nous nous attendions à un petit village mignon fait de
petits chalets décorés avec une âme, une vie…
Mais que nenni, le « village » est un ensemble de 4/5 immenses
chalets, séparés par des parkings et au bord d’une départementale où se trouve
une station essence juste en face. Ça fait plus Minnesota que Laponie si vous
voulez mon avis #Fargo. Mais nous ne sommes pas au bout de nos déceptions.
Une fois garés, nous entrons dans le premier chalet que nous voyons où est
écrit sur le fronton « Meet Santa Claus ». L’intérieur du chalet est
bien évidemment constitué d’une immense boutique de souvenirs vendant tous les
dérivés possibles à l’effigie du vieux à la barde blanche et de ses acolytes
les lutins et les rennes. Après un rapide tour de la boutique, nous empruntons
une petite galerie qui retrace les différentes célébrations de la naissance de
jésus dans le monde, avant d’arriver enfin face au Père Noël. Nous avions lu
dans le guide que ce dernier était capable de dire « Joyeux Noël » en
118 langues, nous l’invitons donc à s’exécuter dans notre langue maternelle.
Papa Noël fait cependant un blocage et nous repartons déçu. Passé cette
déconvenue, nous continuons de faire le tour du « village », puis
soudain, à notre grande stupéfaction, nous apercevons un autre panneau
« Santa Claus is here ». What the fuck ??? Nous venons de le
voir cet empoté. Intrigués, nous entrons dans le chalet et suivant une nouvelle
galerie nous arrivons devant une petite queue d’enfants attendant leur tour sur
les genoux de l’homme en rouge. Il semblerait donc que le « vrai »
Père Noël soit là… Si notre traumatisme sera de courte durée, qu’en est-il pour
des enfants qui verraient les deux !! Qu’est-ce qu’ils foutent à mettre
deux Papa Noël ? C’est plus destructeur de rêves que porteur de féérie. Je
ne comprends pas l’initiative… Las d’attendre, nous ne pourrons pas vérifier le
multilinguisme de ce Père Noël.
C'est pas dingue n'est-ce pas ? |
Et elle est contente !! |
Nous finissons de visiter le
village en allant à la poste ! Cette dernière réceptionne les dizaines de
milliers de lettres envoyées chaque année au Père Noël, venant de tous les pays
du monde (ou presque). On peut acheter, pour la somme de 3€ il me semble, un
ensemble de 10 (ou 30 ?) vieilles enveloppes envoyés par les enfants du
monde entier, les bénéfices étant reversés à l’UNICEF. On peut également y
envoyer une lettre à l’un de ses proches qui arrivera le jour de Noël. Nous
avions lu dans le Lonely Planet qu’il était aussi possible d’y faire tamponner
son passeport pour la somme de 0.50€ mais il semblerait que le service ne soit
pas, ou plus, disponible. A côté de ces immenses chalets à touristes, on trouve
aussi un quartier pavillonnaire fait de chalets rouges tous identiques et
groupés dans un espace restreint. Quelle idée de venir passer ses vacances ici…
On hésite également à payer 5€ pour voir des rennes en captivité mais nous nous
abstenons conscients de pouvoir en voir en liberté plus haut en Laponie.
Finalement, nous quittons vite les lieux, profondément déçus. A tous ceux qui
souhaiteraient se rendre en Laponie, passez votre chemin !
Les chalets pavillonnaire du Santa Claus Village |
La forêt de pins à côté du village |
Il doit être 15h lorsque que nous
partons du Santa Claus Village. Nous devons dormir à Rovaniemi le soir même et
nous avons encore un peu de temps à tuer avant que le soleil ne se couche, nous
décidons donc de nous rendre au bord d’un lac à quelques kilomètres plus loin
sur la départementale. Arrivés au lac, nous constatons que ce dernier est en
partie gelé. Je lance quelques grosses pierres sur la surface gelée du lac mais
je ne suis pas convaincu que la glace résiste à mon poids. Mais c’est là que
nous rencontrons deux hommes, visiblement originaire du Moyen-Orient, qui
s’aventurent en glissant plus qu’en marchant sur le lac. Ils nous invitent à en
faire autant. Après m’être séparé de tout objet de valeur, je tente
l’expérience. Il est vrai que la glace est fine et je la sens craquer sous mes
pas. Il est alors important de glisser et non de marcher pour limiter les
points d’impact. Avec précaution, je m’aventure à quelques dizaines de mètres
du bord puis je reviens rapidement, Marion prend la relève, et en ressort
indemne également. Si Jésus a fait la même chose, il n’y a rien d’extraordinaire
là-dedans…
Je marche sur l'eau |
On voit bien qu'il était que partiellement gelé |
A notre retour sur Rovaniemi,
nous passons au supermarché et faisons le plein de bières et de Twix pour
attendre les aurores boréales au chaud dans la voiture. Après avoir fait le
check-in de notre hôtel (Hôtel Rudolf, l’un des moins chers de la ville), pris
une douche, nous partons manger. Nous allons au Mcdo qui se trouve à 5 min de
notre hôtel, à l’intérieur, des hordes de jeunes s’y restaurent, tous avec un
casque de moto. Etant plutôt homme de la ville, j’apprends de Marion qu’à la
campagne tous les jeunes (ou presque) sont motorisés et que le Mcdo constitue
une sortie hebdomadaire, au minimum.
Nous prenons la voiture afin de
trouver un spot et y attendre les aurores boréales. Nous atterrissons sur un
parking de l’autre côté d’un pont qui nous séparent de la ville. Nous prenons
une bière et constatons que le ciel est considérablement voilé. La possibilité
de voir les « feux de renard » comme les surnomment les Samis, peuple
autochtone de Laponie, se fait donc presque nul. Nous décidons cependant
d’attendre encore un peu. Entre temps, un camping-car vient se garer près de
nous bientôt rejoint par une voiture. Les fenêtres se baissent, les conducteurs
s’échangent quelque chose puis les deux repartent. Inutile de vous préciser
que nous venons probablement d’assister à un petit deal de drogue finlandais.
Après une demi-heure, nous quittons le parking en direction du centre-ville
afin d’essayer d’y voir France / Nouvelle-Zélande, quart de finale de la coupe
du monde de Rugby. Le videur du premier bar dans lequel nous tentons d’entrer
demande sa pièce d’identité à Marion, qui a pourtant 22 ans. Autant vous dire
que ça m’a bien fait rire. Après avoir
fait le tour des 3 / 4 bars du centre-ville, et constaté qu’aucun ne diffuse le
match, nous repartons à l’hôtel, car bon, nous n’avons pas beaucoup dormi la
veille.
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