Nous nous levons à 7h30 afin de
partir aux aurores et profiter de la journée. 3h de route nous sépare de
Muonio, ville réputée pour ses excursions en chien de traineaux, à la frontière
avec la Suède. La route se fait sous une pluie fine et d’imposants nuages gris,
la température est quant à elle élevée et la neige ne fera jamais son
apparition. La route est quasiment une ligne droite, une succession de lignes
droites pourra-t-on dire, entrecoupée de légers virages. Elle est bordée de
pins sur sa quasi globalité et me fait penser au film « The place beyond the pines », m’imaginant
les jeunes en moto du McDo de la veille filant à toute allure sur ces routes à
la manière d’un Ryan Gosling. L’absence de soleil et le ciel gris contribuent
d’autant plus à me faire ressentir cet effet, le film baignant dans une
atmosphère plutôt pesante et sombre.
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The place beyond the pines |
Une fois arrivée à Muonio, la
neige n’est bien évidemment pas au rendez-vous et le rêve de petite fille de
Marion tombe à l’eau (faire du chien de traineau). Pas perturber pour autant, Marion décide d’aller quand
même à l’endroit prévu pour au moins voir les huskys. Nous prenons donc la
direction d’Harriniva, un centre d’élevage d’huskys à quelques kilomètres de Muonio. Une fois arrivée, l’endroit
est désert. Nous faisons le tour de la propriété et trouvons deux jacuzzis
autour desquels gisent plusieurs cadavres de bières. A proximité de ce
cimetière, d’autres cadavres jonchent le sol ainsi qu’un cul de cigare. Il est
évident qu’une petite sauterie a eu la veille et face à l’absence d’activité en cette
saison d’automne, le personnel doit comater tranquillement. Après quelques
minutes, nous croisons cependant un jeune finlandais du nom d’Ismo. Une
bouteille d’eau à la main, j’aime à penser que ce dernier combat une bonne
gueule de bois. Nous lui demandons si nous pouvons visiter l’élevage et ce
dernier par se renseigner, ne faisant visiblement pas partie de la gestion des
animaux. Quelques minutes passent, le temps de prendre des photos de la rivière
qui coule en cascade à deux pas des jacuzzis et qui baigne dans une légère
brume. Puis Ismo revient et nous emmène au cœur du chenil, sans vraiment nous
adressez la parole. Le chenil comprend 350 à 450 chiens. Il semblerait, mais
Ismo n’a pas su nous le confirmer, que les leaders de meutes se trouvent attachés
à l’extérieur tandis que le reste de la meute est en cage, comme un moyen pour
lui d’assoir son leadership. Toute personne me connaissant bien sait que les
animaux ne sont pas franchement mes amis. Je ne suis donc pas forcément dans
mon élément au milieu de cette multitude canine. J’éprouve cependant de la
peine pour ces chiens enfermés dans des cages, que seule la promesse d’une
virée en traineau libère. Mais bon, ma peine s’effacera vite.
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Chef de meute |
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Chef de meute 2 |
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Baaaahhh dégueulasse !!! |
Nous repartons en direction de
Muonio pour y déjeuner. Si j’ai dit précédemment que Muonio était une ville,
c’était à l’échelle de la Laponie. Une ville en Laponie est en réalité un petit
village qui comprend quelques restaurants (une demi-douzaine pour les grandes
villes), quelques bars (pareil que les restaurants) et surtout des stations-services
qui sont rares au milieu de ce désert de pins. Nous trouvons donc refuge
dans l’un des restaurants de la « ville », un restaurant indiquant
« buffet thaïlandais » en face d’une station-service. La situation
est improbable et nous nous questionnons sur le pourquoi du comment de cette
implantation à Muonio de cette famille thaïlandaise. Il n’en reste
pas moins que le service est agréable. Parlant un anglais plutôt correct, moins fréquent qu’on ne peut
le penser en comparaison à la Norvège ou le Danemark, la serveuse d’origine
thaïlandaise est au petit soin. En même temps il semblerait que l’on soit les
uniques clients de l’après-midi, ce qui nous interroge sur la rentabilité de
l’établissement. En raison de la faible fréquentation, le buffet et fermé et
seuls les plats à la carte sont disponibles. Nous prenons tous les deux du
renne accompagné de sauce thaï bambou chili pour Marion et garlic pepper pour
moi. Le renne a le gout du bœuf en plus caoutchouteux mais la sauce rend le plat
tout à fait plaisant. Une fois notre repas terminé nous prenons la route de
Pallas-Yllästunturi, l’un des plus grands parcs naturels de Finlande.
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Marion fait mumuse sur la route |
Sur le trajet nous croisons les
premiers rennes du séjour, pas dans l’assiette cette fois. Tandis que Marion
conduit, je les repère dans la forêt, quelques secondes après que cette
dernière m’ait dit « regarde si tu en vois ». En meute, sur le bord
de la route, ils fuient dès que l’on ouvre la portière. Mais la satisfaction
d’en avoir aperçu persiste. Encore tout heureux de notre marche sur l’eau gelée
de la veille, nous nous arrêtons sur le chemin du parc auprès d’une grosse
flaque d’eau gelée. La glace a pris au piège les arbustes et les plantes qui
sortaient de l’eau, permettant d’en découper proprement la partie émergée comme
l’on guillotinerait un condamné.
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Emprisonné dans la glace |
Nous arrivons enfin au cœur du
parc naturel. Dans la brume, nous gravissons une colline presque dépourvue d’arbre à son sommet, une montagne chauve et fiévreuse. En face, une autre
« montagne » semble être équipée en remontées mécaniques et doit
servir de station de ski miniature pour les habitants du coin. Stoppé par une
brume de plus en plus envahissante, rappelant de mauvais souvenirs de ski à
l’aveuglette, nous rebroussons chemin et reprenons la route en direction de
Levi, point de chute pour la nuit. Sur
le chemin nous nous arrêtons une nouvelle fois pour observer un renne sur le
bord de la route. Cette fois seul, ce dernier est beaucoup moins craintif et se
laisse approcher suffisamment pour que j’en prenne une belle photo. Il me fait penser à l'esprit de la forêt dans Princesse Mononoké.
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La montagne chauve et fiévreuse |
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Matez moi ses bois !!!! |
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Petite pause sur la route avant de rentrer |
Nous arrivons à Levi sur les
coups de 17h/18h. La ville est réputée pour être LA station de ski de Finlande.
Elle fait « fabriquée de toute pièce » avec un ensemble de chalets
pour vacanciers, un bowling, un spa, un supermarché et quelques restaurants et
bars. Nous nous occupons en premier lieu du check-in de notre logement pour la
nuit. Sur internet, j’ai trouvé, en cette saison creuse, un chalet de 45m2 pour
43€. Pour la modique somme de 21.5€ par personne, nous bénéficions donc d’un chalet
aménagé de 7 lits, 2 toilettes, une cuisine, une cheminée, un salon et un
sauna… Cependant, désireux de prendre un café accompagné d’un gouter, nous
suivons les bons conseils de l’agence nous louant le chalet et nous nous
rendons au café Soma à côté du supermarché. Le café est mignon et aménagé de
petites tables ainsi que d’un coin « chill » avec des canapés où
reposent de nombreux coussins. Café pour Marion, thé pour moi et nous voilà
l’un l’autre en train de bouquiner, 24h
de la vie d’une femme de Stefan Sweig
pour elle, La Nausée de Jean-Paul Sartre pour moi. Soudain,
jetant un œil rêveur par la fenêtre, j’aperçois le soleil se coucher, dégageant
une aura rose remarquable. Ni une ni deux, on remet les chaussures, les
manteaux, les écharpes et les bonnets et on saute dans la voiture à la
recherche d’un spot idéal pour en profiter. Après un arrêt au bord de la route
et quelques photos, nous reprenons le volant pour trouver un coin plus sympa et
le regarder se terminer.
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Café Soma |
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Coucher de soleil à Levi |
Après quelques virages à
l’aveuglette dans la forêt de pins, nous nous retrouvons au bord d’un lac, trop
tard le soleil est parti, son lit rose aussi. Mais notre déception n’a pas
lieu d’être puisque que nous trouvons au bord du lac 2 jacuzzis et une barque
visiblement laissés à l’abandon par des propriétaires absents. Comme le fait
remarquer Marion, et ce n’est pas moi qui ira la contredire, « ce n’est
pas du vol c’est de l’emprunt ». Nous décidons donc de faire un tour en
canoë sur le lac, une petite bière à la main. Une fois de retour sur le rivage,
une idée nous vient « et pourquoi ne pas attendre les aurores boréales
dans le jacuzzi ? ».
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OKLM !!!! |
Nous revenons au chalet pour une petite pause
geek et repos et nous repartons manger en ville. Nous trouvons une table chez
RENNO, un restaurant italien typiquement d’altitude où l’on vient se restaurer
après une grosse journée de ski. Nous prenons des pizzas gigantesques et un
verre de vin, c’est elle qui propose et je dois dire que j’acquiesce sur le
champ n’en ayant pas bu une goute en Norvège. Une fois le ventre complétement
plein, nous prenons la direction, mémorisée de tête, des jacuzzis.
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Instafood maggle !!! |
Nous arrivons à 21h sur le lieu
du crime. Les jacuzzis sont déjà chauds et il suffit d’appuyer sur un bouton
pour les allumer. Je n’ai jamais vu de jacuzzi si sophistiqué, des cousins pour
poser sa tête, des variations de jets, des changements de lumière et des reposes
bière ! Nous nous installons donc dans le jacuzzi, bière à portée de main.
Le lecteur assidu qui a lu l’introduction se rappellera du respect commun que
nous avons l’un pour l’autre, il ne sera donc pas tenté de voir dans cette
activité un quelconque rapprochement. Les heures passent, les bières
disparaissent et les aurores ne viennent pas. Le ciel est trop nuageux même si
nous bénéficions de moments de clarté opportuns qui nous dévoile un ciel étoilé
comme il est rare d’en voir au sein d’une ville ou de ses environs. Conscients
d’être à côté d’un lac, et également conscients que cela fait partie de la
coutume locale, nous décidons de prendre notre courage à deux mains et de
s’immerger dans l’eau du lac à légèrement moins de 10°C il me semble. Oh putain
ça revigore, et que ça brule quand on retourne trop rapidement dans le jacuzzi.
Nous irons le faire deux fois dans la soirée et à 00h nous décidons d’abandonner
et de tout miser sur demain pour les aurores boréales, sachant que nous montons
encore plus dans le nord. Nous rentrons et nous dormons directement…
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That's the one ! |
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