lundi 5 octobre 2015

Street boy



En cette nouvelle belle journée d’automne, la modique somme de 33€ me permet de rejoindre la deuxième plus grande ville de Norvège, Bergen. Le trajet en bus dure 5h. Deux ferrys sont nécessaires pour rejoindre la ville de Bergen, des intermèdes maritimes forts appréciables où je peux me poser sur le pont du bateau et vous adressez ces quelques lignes. Outre les ferrys, on traverse pendant le voyage de nombreux ponts et tunnels. En effet, dans un gruyère terrestre, on avance d’îles en îles aux milieux des fjords. On a l’impression de marcher sur l’eau, ne perdant presque jamais cette dernière de vue, entre mer et lac. Cette fois c’est Norah Jones qui accompagne mes pensées, la belle américaine aux origines indiennes à la voix groovy rend le cheminement tout à fait calme et paisible.

Intermèdes maritimes en compagnie de Norah

J’arrive à Bergen à 15h30 et je suis agréablement surpris. La ville baignant sous un soleil rare, est d’une beauté éblouissante. C’est assurément la plus belle ville de Norvège. Deuxième plus grande ville du pays avec 270 000 habitants, Bergen est une ville portuaire et réputée universitaire.

Le port de Bergen

Anciennement nommée Bjørdvin, combinaison de Bjørd qui signifie montagne, et de vin qui signifie prairie, Bergen est donc la prairie au milieu des montagnes. Un nom qui n’était bien évidemment pas anodin puisque la ville est en effet bordée de tous les côtés (sauf au niveau du port) par d’imposantes montagnes. Ce ne sont pas les 7 petites collines de Rome, mais de réels massifs norvégiens. C’est d’ailleurs en haut de l’une d’elle que je vous écris ce paragraphe. Un funiculaire hors de prix (10€ aller-retour) y accède mais l’ascension ne prend qu’une 1h à pied. Le chemin de cette ascension peut aisément être divisé en trois parties principales. Tout d’abord, sur la première partie du chemin, on traverse de petites rues coquettes aux maisons de bois blanches.  Ensuite, après ces petites allées de maisons, on arrive sur d’imposants chalets, résidences luxueuses sur les hauteurs de la ville. Enfin, on entre dans la forêt pour les derniers instants du trajet. La vue d’en haut est magnifique et je jouis même d’un soleil couchant du meilleur effet. Face aux derniers rayons du soleil, j’écoute un peu de Rodriguez, artiste à la voix Dylanienne, découvert par beaucoup avec le récent film Searching for Sugar Man. Je commence par la trop méconnue « Sandrevan Lullaby » à la mélodie si douce puis j’enchaine avec mes favorites « Crucify your mind » et « Street Boy ».

La première partie de l'ascension

Bergen est surnommée « la ville de la pluie » ou « la Seattle européenne ». Le deuxième surnom est cependant relativement infidèle puisque la ville du Nord-Ouest des Etats-Unis fait pâle figure face aux 240 jours de précipitations annuels à plus de 0.1 mm de la ville norvégienne. Il tombe en moyenne, annuellement, 950 mm d’eau sur la ville de Seattle contre 2250 pour Bergen. Donc la comparaison est sympathique mais pas franchement adéquate. Entre le 29 octobre 2006 et le 21 janvier 2007, il a plu pendant 85 jours consécutifs sur Bergen, et il a déjà plu 192.2 mm d’eau cumulé en une journée. Donc éviter de mentionner la pluie aux Berguénois qui sont bien conscients du temps qu’il fait chez eux. Et qui en sont fiers ! Jusque récemment, il y avait des distributeurs de parapluie dans la ville, mais à cause d’un vent généralement violent, les parapluies se brisaient et encombraient les poubelles de la ville. Les distributeurs ont donc été retirés. Tout ça pour vous dire que je bénéficie d’un temps exceptionnel, nouvelle manifestation d’une chance qui semble me coller à la peau depuis ma plus tendre enfance. Un jour je vous parlerai des nombreux objets que j’ai perdus puis retrouvés dans des circonstances plus que divines.

Vue sur Bergen lors de l'ascension

Me voilà de retour dans le centre-ville de Bergen et plus précisément sur le port. Ce dernier accueille tous les jours un marché aux poissons qui est extrêmement réputé. Je ne peux pas vous en dire plus puisqu’il est 19h30 et que ce dernier est bien évidemment fermé. Le port est bordé d’un côté par de magnifiques maisons de bois colorés qui donnent à la ville tout son charme. Etant descendu très rapidement da la montagne, j’ai le temps de jouir des derniers moments du coucher de soleil qui m’offre un spectacle ravissant. Le ciel se teint de rose comme j’ai rarement eu l’occasion de la voir, surtout dans un cadre aussi joli.  

Petit coucher de soleil sympathique

La journée se finit dans un pub sur le port, dans l’une des maisons de bois précédemment mentionnées. L’endroit semble être très prisé des Berguénois. Peuplé de personnes du premier et du second âge, Sjøboden (nom du bar) a des allures de bateau. Des tonneaux en guise de tables, des banquettes et des murs en bois, un comptoir en forme de pirogue, on se sent dans la cale d’un navire.  Dans un coin, une scène est ouverte pour toute personne désireuse de partager quelques reprises ou compositions personnelles. A l’heure où j’entre dans le bar, la scène est occupée par un jeune norvégien (forcément blond), plutôt agréable à regarder, je dois l’avouer, qui reprend des classiques divers et variés sur un air folk. Alors on aura droit au classique Wonderwall, à du Ed Sheeran avec « The A team », à « Crazy » de Gnarls Barkley mais aussi à une reprise, en norvégien, de « Hallelujah » ou encore à « Rocket Man » d’Elton John.  Le norvégien est remplacé au bout d’une heure par un brun, que je suppose être étranger (ils sont tous BLONDS les norvégiens !!!!!!!). Et lorsque ce dernier commence à chanter dans un espagnol fluide et visiblement natal, j’en conclus aisément que ce dernier est ibérique.

Lors de mon arrivée à 20h, le bar était majoritairement vide. Après avoir poursuivi mes relations épistolaires et griffonné ces quelques lignes, je réalise qu’il est 21h45 et que le bar s’est abondamment rempli d’étudiants. L’endroit est décidément « The place to be ». Je me félicite donc de m’y être rendu. Comme je viens de le dire, le bar est maintenant plein à craquer d’Erasmus et c’est 3 jeunes demoiselles et deux chiens en rut qui viennent de s’assoir à la table en face de moi. Les étudiants semblent venir ici presque tous les jours, et à 8€ la pinte, je me demande comment ils tiennent le rythme. Personne ne me calcule et ce n’est pas sans me déplaire. Je peux ainsi, dans ma bulle, observer les autres avec l’impression d’être invisible. Chacun y va de sa technique de drague, d’une main subtilement posée sur la cuisse de sa voisine, aux messes-basses discrètement glissées à l’oreille. Passé 22h, l’endroit devient un véritable lieu de rencontre et de chasse, où tous les coups semblent permis pour ne pas rentrer seul. Il est maintenant 23h, et je rentre, seul, parce qu’une longue journée m’attend le lendemain.  


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